[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Make Noise est certainement le constructeur actuel qui remporte le plus de succès, ses modules s’arrachent - il suffit de voir la pénurie régulière de son célèbre Maths. Et ce succès n’est pas un hasard, Tony a le don de créer des modules puissants, intelligents et beaux. Il a accepté de répondre à quelques questions.Tony, peux-tu nous raconter ta rencontre avec les synthétiseurs modulaires ?
Mes souvenirs les plus lointains remontent à ce disque de Stereolab qui est sortie à la fin des années 80. À l’époque, je les ai vus en concert et je peux jurer qu’ils avaient un modulaire Moog sur scène. À ce moment là, je n’avais pas encore trop accès à internet et impossible de trouver quoi que ce soit sur le sujet à la bibliothèque. Je n’avais donc aucune idée de ce que j’avais vu, mais j’étais très attiré.
J’ai également vu Jim O’Rourke utiliser des synthés modulaires. Il utilisait un tout petit système en valise. Je suis presque sûr que c’était un des tous premiers systèmes Doepfer. Les sons que Jim en tirait m’ont complètement fasciné. Malheureusement, à l’époque je n’ai pas trouvé d’informations au sujet de Doepfer, et aucun des magasins de Chicago (où je vivais à l’époque) n’avait entendu parler de cette marque.
Quelques années plus tard j’ai vu un gars dans le métro de New York avec un Doepfer P6. Je l’ai suivi, puis j’ai essayé de prendre mon courage à deux mains pour l’aborder quand je me suis aperçu que je l’avais perdu au milieu de la foule à la station de Union Square.
En y réfléchissant d’avantage, je me rends compte que j’ai découvert les modulaires sur deux disques que j’avais empruntés à la bibliothèque quand j’avais 15 ans. Ces disques étaient Electronomusic : 9 de John Pfeiffer (1969) et Silver Apples of the Moon de Morton Subotnick. En fait, je ne suis pas sûr à 100% que Electronomusic ait été créé avec des synthés modulaires, mais c’était un disque de musique électronique fascinant qui a ouvert l’esprit du gamin de 15 ans que j’étais.
Tes modules sont très inspiré par la synthèse West Coast - qu’est-ce qui t’intéresse dans cette approche ?
À vrai dire, les synthétiseurs West Coast de Buchla et Serge étaient encore plus difficiles à trouver qu’un ARP 2600 ou un système Doepfer. J’en avais vu des photos sur des pochettes de disques, puis sur internet. Une grande part de mon inspiration vient de ce que j’imaginais possible avec des synthétiseurs mystérieux tels que le Music Easel de Buchla.
J’ai créé les modules Maths, QMMG, Pressure Points et René alors que je n’avais encore jamais mis les mains sur un système Serge ou Buchla. Il y a quelques années, XART a eu la gentillesse de me prêter son Buchla système 200e alors que j’étais bloqué par la neige à Chicago après une rencontre Trash Audio. J’ai passé deux jours entiers à explorer l’instrument.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Peut-on dire de tes modules qu’ils mêlent parfaitement l’héritage des pionniers de la synthèse avec un approche résolument moderne ?
Je suis flatté si tu le penses.
Tu as l’air d’être très proches d’artistes, est-ce essentiel pour toi ?
Certains artistes me sont très chers et c’est une grande source de satisfaction que de les voir créer avec les instruments qu’on a créés. Donc, pour répondre à ta question : OUI.
Et c’est l’une des raisons qui nous a amené à créer notre propre label de musique, Make Noise Records.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Make Noise est une société encore jeune, mais vos modules semblent devenir très rapidement des grands classiques, comment expliques-tu cela alors que la scène Eurorack est plus active que jamais ?
On vient de fêter notre cinquième anniversaire. Donc si on compare avec une grande partie des sociétés qui créent pour le format Eurorack, nous sommes une vieille entreprise !!! Quand j’ai créé Make Noise il devait y avoir une douzaine de sociétés qui créaient des modules Eurorack. Aujourd’hui il doit y en avoir plus de 100 !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Tu as une approche très personnelle du graphisme, est-ce un point important pour toi ?
Oui, j’aime que les instruments aient l’air de quelque chose d’amusant. On ne fait pas des outils pour l’industrie médicale, des stations de travail ou des instruments de mesure scientifiques. On fabrique des objets destinés à procurer du plaisir et de l’amusement.
Quelles sont les personnes qui t’ont inspiré ?
Kelly Kelbel (qui partage ma vie) m’a encouragé à poursuivre mon rêve de construire des instruments de musique électroniques.
Scott Jaeger (The Harvestman) m’a convaincu de créer ma société de modulaires.
Mon père m’a appris qu’une machine cassée est presque toujours réparable, je suis sûr que je lui dois beaucoup dans mon intérêt pour la construction d’objets.
Mon sens de l’organisation dans ma société me vient de ma maman et de mon beau-père Frank Kelbel ainsi que du président de Moog Music, Mike Adams.
En ce qui concerne le design de mes interfaces et les concepts, je pense à Don Buchla.
Pour ce qui est des circuits, Robert Moog et l’équipe d’ingénieurs de Moog Music, tout particulièrement Cyril Lance et Amos Gaynes.
Je pense aussi à Grant Richter, dont le Wogglebug était un de mes circuits préférés, le premier coup de fil que je lui ai passé pour savoir si je pourrais copier sa création pour en faire un module Make Noise a été très important dans le développement de ma société.
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