Bon, alors commençons par l'environnement d'écoute : Grande pièce, écouteurs de poste radio (suffisamment grand pour contenir de gros HP cependant), pas de casque bref, le test s'est fait un peu « à la roots ». De plus, je n’ai disposé que d’une petite tranche horaire de 3 heures pour le tester. Et croyez-moi il faudrait au minium une semaine pour commencer à se familiariser avec l’engin. Et pour finir, je n’avais pas le manuel sous la main

Première chose qui saute aux yeux, la robustesse de l’engin ! On sent qu’on à affaire à quelque-chose de bien construit. Le synthé est lourd et il ne risque de s’effondrer de lui même. La première mise en route donne tout de suite envie de se plonger dans les entrailles de la bête. C’est coloré, il y a beaucoup de leds et la couleur diffèrentes des knobs pour différencier : fréquence, CV et audio est bien pensée ! Et… mais que vois-je au niveau du symbole en bas à droite (le fenix)? Une Led au niveau de l’œil ! Moi qui pensais que ce n’était que décoratif, cette led indique en fait la température interne du synthétiseur. Indiquer est peut-être un terme un peu fort puisque la Led passe simplement du « rouge » au « vert » lorsque celui-ci est « prêt » à être utilisé mais ce petit détail m’a fait présager du meilleur en ce qui concerne l’ingénierie de la bête. Et effectivement, de ce coté je n’ai pas été déçus.
On se rapproche un peu plus de la façade maintenant. Tout d’abord, ce qui choque, c'est le coté fouillis de cette dernière. Mon ami qui le possède depuis quelques mois maintenant déjà, cherche encore de temps en temps où se trouvent les potentiomètres de réglages correspondant aux entrées bananes situées plus bas. D’ailleurs, séparer les entrées de patch des potentiomètres est un choix assez risqué je trouve. Ok, on y gagne en lisibilité car on ne se retrouve pas avec un plat de spaghettis autour des fonctions primaires mais comme le Fenix II est un faux semi-mod (aucun patching en interne), les yeux se baladent sans cesse entre le haut et le bas, à la recherche du potentiomètre de la fonction cablée. Venant d’un « full modular » j’ai eu, je l’avoue, un peu de mal à trouver mes marques.
Voyons maintenant ce que nous offre le synthé du point de vue synthèse (voir le site de synton pour des informations plus détaillées) :
3 VCO
4 VCF
3 EGR
4 VCA
5 LFO
7 Mixers
1 Phaser
1 Delay (BDD)
1 8 step analog sequencer with own clock.
1 Waveshapers,
1 wavemultiplier
1 full wave rectifier
1 CPR,
1 S&H,
1 Gate delay,
1 Ringmodulator,
1 Slew limiter,
1 fixed +/- 5volt output.
1 Analog noise
1 Digital noise
1 6 Banana to 3,5 mm minijack connectors.
1 Input module with trigger, gate and envelop out.
1 Stereo output module with dual panning and dual VCA. ( off course voltage controlled)
Pas mal non ?
Alors forcément pour placer tout ce beau monde dans si peu d’espace il a bien fallu faire des choix quant à l’érgonomie et malheureusement certains placements sont un peu illogiques.
Les VCO ne sont pas exactement alignés les uns en dessous des autres. On retrouve d’ailleurs ce manque de linéarité sur beaucoup des modules en plusieurs exemplaires (filtres, mixer, LFO etc.) Le Mixer Audio se ballade entre les filtres et les VCO alors que les mixer CV sont tout à gauche. Les filtres 3 et 4 se retrouvent prisent en étau entre les ADSR et le séquenceur etc. En un mot, je n’ai pas était conquis par l’interface.
- Mais passons maintenant aux choses sérieuses, les VCO !
Alors, je ne sais pas si l'environnement d'écoute a beaucoup joué ici mais j'ai trouvé que les VCO avait beaucoup de présence. Ils n'ont pas, dans mon souvenir, la présence d'un 921 mais se rapproche assez de ce style de son, que je qualifierai de « vintage » (avec toutes les subtilités sémantiques qu’un tel terme implique). La Sine du premier OSC semblait suffisamment pure. Le Triangle m'a beaucoup surpris cependant. Il aurait fallu un oscilloscope mais j'ai eu l'impression qu'il avait plus harmoniques que le NTO/PCO Serge. Mais encore une fois il peut s’agir d’un léger déréglage interne. J'ai trouvé la Square plutôt quelconque mais la PWM très efficace !
- Allez, voyons les VCF maintenant !
J'ai fait vite fait le tour des principaux et classiques VCF (12db, 24db etc.) pour surtout me plonger dans le filtre au formant !! Mais avant tout, le 12db sonne agréablement bien mais je l’ai trouvé peut-être un poil neutre. Le 24db m'a bluffé par contre. Sans pour autant atteindre la présence d'un filtre Moog celui-ci a son propre grain avec, à mon oreille, un peu plus de caractère que le 12db. Je n'ai pas testé la sortie 18db... Une chose cependant, le filtre s'effondre un peu en montant la résonance (classique) mais surtout la résonance est assez criarde et pas vraiment « musicale ». Un peu dommage ! La course du potentiomètre semble avoir été pensée en fonction car il entre en auto-réso à partir de 7/8 sur une échelle de 10. De quoi bien s'amuser entre les valeurs extrêmes donc !
L’un des filtres fait office de LoPass Gate mais ce dernier n’étant pas à base de vactrol je n’ai pas retrouvé ce « claquant » si caractéristique du son Buchla. Un peu déçu…
Passons au filtre formant maintenant !
Il s'agit en fait d'un filtre Lopass suivi d'un triple bandpass en série avec ce que j’ai interprété comme un coté négatif/positif pour chacun d’entre eux (si quelqu’un a le Mode d’emploi sous la main...) et une sortie Mix avec inverseur. Comme il s’agit d’un triple bandpass en série on se retrouve donc très naturellement à certains réglages avec des sonorités très « phasing ». Mais le LoPass en première place, permet de jouer sur la coupure de tout l’étage. Le son est vraiment bluffant et c’est peut-être l’un des modules qui m’a le plus plu au sein de ce synthé.
- Les fonctions de shaping !
Le Waveshaper du Fenix m’a beaucoup fait pensé à la partie centrale du WaveMultiplier Serge. Je n’ai donc pas insisté mais les critiques sont généralement unanimes quant au son de ce waveshaper.
Le Rectifier m’a beaucoup plu également ! Diffèrent de la partie basse du WaveMultplier Serge (Rectifier un peu bizarre), j’ai trouvé celui du Fenix plus subtil tout en gardant un joli grain très musical. Parfait pour peaufiner, sculpter ses formes d’ondes !
Le WaveMultiplier du Fenix, honnetement je n’ai pas compris comment s’en servir. Il fonctionne un peu comme un séquenceur/enveloppe avec pour chaque segment un inverseur mais il aurait fallu le manuel ici aussi.
- Les enveloppes
Trois enveloppes font parties de cette ribambelle de modules.
La première une petite ADSR classique dépourvue d’entrées de controles mais proposant une sortie End Of Release tout à fait bienvenue.
La deuxième est très complète puisqu’il s’agit d’une AHDSR avec un bouton supplémentaire de précision pour le temps de Decay et un switch pour passer de Log à Lin. Chaque segment possède sa propre entrée « time » qui influe sur leurs comportements.
La troisième est une petite AD avec une sortie End of Decay en sus (sympa !)
- Les processeurs audio !
Le délai est sans conteste le deuxième module qui vaut, pardonnez moi l’expression, son pesant de cacahuète ! Il s’agit en fait d’un délai à BBD dont la réponse est contrôlable en voltage !! Sans atteindre la complexité d’un Wilson Analog Delay Serge on retrouve tout à fait le même genre de grain. Comparativement, il est également plus clean, moins noisy que son presque homologue Serge.
Le BBD utilisé étant plus récent (mais de la même famille), ce dernier permet des effets de longueurs différentes du Serge. En contrepartie on manque un peu d’entrée CV et de sorties Phase mais quoi qu’il en soit, trouver ce genre de modules dans un semi est une réelle bonne surprise.
Le phaser maintenant se défend tout aussi bien. Une entrée Feedback, une entrée CV et deux sorties Mix positives/négatives et deux sorties Out 8/9 dont je n’ai pas bien compris le principe.
Je passe sur les VCA et les Mixer Audio/Cv, LFO mais certains modules proposent des fonctions intéressantes ( voir photo de la façade en bas et notamment le LFO 5 etc.) pour en arriver à la Ring Mod que je n’ai que survolé L'entrée X2 est intéressante mais j’ai oublié ce qu’elle faisait... Le son m’a paru « musical » et doux mais il faudrait s’y attarder un plus longtemps.
Le Slew Limiter semble proposer des fonctions intéressantes mais je n’ai pas eu le temps de m’y attarder plus que ça non plus. Idem pour le séquenceur que j'ai utilisé de façon très classique et le reste.

Voilà donc un peu mes premières impressions. Comme précisé en haut de ce long commentaire, il fraudrait le tester dans de meilleures conditions et à intervalles régulières pour vraiment se faire une idée générale de la machine. Mais c’est en tout un cas une machine à l’excellent rapport/qualité prix qui se trouve à mi chemin entre une utilisation classique soustractive et une approche plus expérimentale à la Buchla/Serge. Un synthé puissant, beau, très flexible avec un caractère moins trempé que ses prédécesseurs mais que je ne rangerais pas non plus dans la catégorie "new-school".
Finalement et en deux mots : Bravo Synton !!
Petit récapitulatif des points négatifs/positifs
+
Le son général
La qualité de fabrication
La quantité de modules disponibles
La syncro des oscillos (pas évoqué plus haut mais voyez le potard bleu tout à droite de l'os 1)
Le filtre au formant
Le délai à BBD
Le Séquenceur interne
Les bananes
La petite LED en bas à gauche (l'oeil du Phenix) qui indique la température interne du synthé
-
L'érgonomie et le coté fouillis de l'interface
Le poids
Peut-être un léger manque d’atténuateur (inverseur) sur certains modules
Le LoPass Gate un peu étrange
La quantité limité