Salut,
Il faudrait des pages et des pages pour répondre à tes questions et tu trouvera déjà beaucoup de réponses spécifiques disséminées sur ce forum. Il n'est pas aisé de résumer un synthé modulaire en quelques points mais je vais tout-de-même essayer de fournir quelques points de repères avec une approche généraliste et non spécifique... A chacun de faire ses propres choix en fonction des goûts personnels, du budget, de la méthode de travail et d'une vision de l'intégration du modulaire dans son projet musical. (en fait j'ai déjà fait cet exercise hier soir mais j'ai fait une mauvaise manip au bout de 2 heures de rédaction laborieuse et pffft, plus rien

)
Un modulaire se pense, se réfléchis et se plannifie. Idéalement, il faut avoir une idée bien précise d'un instrument cohérent dans sa globalité et non pas penser en termes d'assemblage d'éléments individuels, ce qui peut paraitre paradoxal. Toute la difficulté réside dans la définition du but à atteindre et de se tenir le plus rigoureusement possible au plan initial. Bien entendu, ce plan changera en cours de route, au fil des mauvais choix, des envies et des besoins, mais il faut tout-de-même tenter de respecter une certaine ligne de conduite. Le point de départ est connu, ensuite on définis le point d'arrivée et le chemin entre les deux est sinueux et semé d'embuches, mais tellement agréable à parcourir
C'est parti !
1° Le format 5U a comme qualités premières l'ergonomie et le confort d'utilisation. L'offre a tendance à s'étoffer, même en Europe : Moon (principalement sequencing et utilitaires), Oakley (beau catalogue neo-classique pour le SDIY, modules tout-faits obtenables chez Krisp1), Mos Lab (uniquement clones Moog, pour linstant), COTK (clones Moog et quelques modules originaux bien sentis), Macbeth (neo-classique haut-de-gamme), Hordijk (modules originaux très intéressants), Curetronic (gamme assez complète en kits ou ready-made)...sans oublier le DIY avec Yusynth, J.Haible,...
A noter que tout se beau monde ne coexiste pas naturellement. En effet, il y des différences au niveau de l'alim. : certains modules ne fonctionnent qu'en +- 12V, d'autres qu'en +-15V, sans oublier le +5V, et avec des connectiques propres. Il y a aussi le format MU (Moog Unit) et le format MOTM, dont les dimensions diffèrent, ce qui favorise les systèmes mono-marque. Pour des systèmes mixtes, il est conseillé de travailler avec des boitiers dédiés pour les différentes marques, sauf s'il y a compatibilité totale.
Le format Eurorack, de loin le plus populaire, présente de nombreux avantages avec une offre nettement plus étoffée qu'en 5U, tant en termes de diversité de modules qu'en termes de nombre de fabriquants et de disponibilité. Les marchés du neuf et de l'occaze sont extrèmement dynamiques. La densité fonctionelle est généralement assez élevée ce qui permet des systèmes très performants et versatiles tout en restant compact et portable ! Le revers de la médaille étant une ergonomie parfois moindre et une courbe d'apprentissage plus raide. La standardisation du format et de la connectique d'alimentation est également plus poussée, à quelques rares exceptions près (ASys ...).
En termes de prix les 2 formats se valent : il y a de l'entrée-de-gamme et du haut-de-gamme, une simple ADSR ne sera pas plus cher en 5U qu'en 3U.
En termes de son, le format ne fait aucune différence...un VCA Oakley sonnera de la même manière, qu'il soit décliné au format 3U ou 5U. Chacun peut trouver son goût tant en 5U qu'en 3U, tant les possibilités sont vastes.
Enfin, il y a les "outsiders" avec leurs formats propriétaires, nettement moins disponibles, plus exclusifs : Mattson, Bugbrand, Wiard, Serge, Modcan A, Buchla, ....
2° En ce qui concerne les boitiers/alims, il faut d'abord savoir si le système que l'on projete est destiné à une utilisation en studio/home studio ou pour le live ou les deux...
Le DIY offre l'avantage d'être peu cher et permet de façonner une solution sur mesure qui s'intègrera parfaitement à l'environnement de travail. En effet, avec le DIY on a une totale liberté de forme, de fonction et de volume. Il est facile de se faire un chouette boitier avec un minimum d'outillage. Des solutions d'alimentation/distribution sont disponibles chez Doepfer et chez TipTop Audio pour le 3U...pour le 5U c'est un petit peu plus compliqué mais des solutions existent et certains développeurs offrent des solutions custom.
Doepfer offre aussi une solution low cost plus qu'honorable avec ses boitiers LC6 et LC9 pour qui n'a pas l'âme du bricoleur ou pour qui n'a pas besoin de faire du live fréquemment.
En 5U Mos Lab et COTK proposent des cabinets portables...
Pour en revenir à l'alimentation/distribution, il ne faut pas lésiner sur les moyens vu l'importance d'une solution performante et fiable. Il vaut mieux prévoir du lourd pour éviter tout désagrément lors d'une performance ou d'une session d'enregistrement.
Maintenant, il n'est pas interdit d'opter pour une solution temporaire et de changer en fonction de l'évolution de la config du système.
Le montage direct de modules sur support bois est à proscrire, sauf pour les config fixes et figées... Si la config est régulièrement modifiée, il vaut mieux travailler avec des rails de fixation, ce qui donne une plus grande longévité du support.
L'utilisation de Stackcables est une exclusivité Eurorack et permet d'éliminer le multi, sauf pour les applications où précision et stabilité des signaux de contrôle distribués est indispensable. Dans ces cas-là il faut impérativement utiliser des multis actifs (buffered multi). L'on veillera néanmoins à ne pas excéder les 3 fiches empilées et à limiter les cascades à 4 ou 5 connexions sous peine de voire les signaux fortement dégradés. Ce même principe s'applique au système "bananes".
Pour les systèmes en jacks 6.35, il n'y a pas d'autre solution que d'utiliser des multis...
3° Le choix d'une enveloppe sera dicté par plusieurs critères : présence ou pas d'entrée Trig et/ou Gate, reTrig, CV des segments et des niveaux, sorties bi-polaires atténuées ou pas, bouclable ou pas, Delay ou pas, Hold ou pas,...
Pour des enveloppes complexes et bien d'autres applications, le Maths est un outil très complet, mais il y a des alternatives : PEG, Double Andorre, UEG, VCS, A-143-X ...
En 5U le choix est plus limité, bien que le UEG soit également dispo en 5U...les autres sont plus classiques de conception et il faut combiner les produits de différents fabriquants pour bénéficier de toutes les fonctions ...
4° Il est toujours préférable d'avoir un ou plusieurs LFO dédiés, ce qui permet de ne pas devoir "sacrifier" un ou plusieurs VCO et ainsi perdre des sources audio pour des patches complexes. De plus, les LFO descendent généralement plus bas que les VCO. Cela dit, les VCO font généralement d'excellents LFO (tout comme certaines enveloppes ... ), pour peu que le feature set soit conséquent. Ici aussi le choix est difficile et dépendant de certaines caractéristiques telles que Sync/Reset, morphing de forme d'onde, plage de fréquence, implémentation CV, atténuation, quadrature, etc...
5° Pour ce qui est des VCO, je suis plutôt partisan d'une utilisation par paires (ou plus), avec une calibration du tracking identique. Cela donne de meilleurs résultats dans des contextes de Sync/cross modulation et FM où les rapports des fréquences sont d'une importance capitale. Aussi, on obtient des textures plus homogènes en mixant ou en superposant des VCO d'un même type. Par contre, il peut être tout aussi intéressant de faire un "patchwork" (elle est amusante, celle-là...pas pu m'empècher de la placer

) de sources audio radicalement différentes pour créer des contrastes. Par exemple allier VCOs typés East Coast à des VCO typés West Coast et/ou à des VCDO/tables d'ondes.
Encore une fois, les critères de fonctionalité seront déterminants des choix.
6°Les filtres... hmmm, vaste et subjective question
Chaque type de filtre a une empreinte sonore bien spécifique, fonction de la technologie utilisée : transistors, diodes, vactrols, etc... Pour un maximum de flexibilité, je pense qu'il est judicieux de combiner un bon LPF multi-pôles ( 2, 3 ou 4 pôles...commutable ou modulable) avec un bon filtre multi-mode, pour obtenir une palette de réponses la plus large possible dans un encombrement minimum. La tendance actuelle est au Dual, Triple voir Quad ... et pas seulement pour les filtres ! Ces designs très complets permettent énormément de choses, mais les concepteurs doivent toujours faire des compromis et favoriser certaines fonctionalités par rapport à d'autres... A nous de faire les bonnes combinaisons pour couvrir tous nos besoins.
7° N'oublions pas les VCA ! Cet élément indispensable et incontournable sera déterminant de la qualité audio globale du système lorsque utilisé en bout de chaine et permettra de dynamiser et/ou d'automatiser les modulations.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]8° Pour terminer, petit rappel de l'importance des utilitaires. Mélangeurs, inverseurs, offsets, adaptateurs, routeurs, switches, diviseurs, multiplicateurs, comparateurs, etc... sont autant d'éléments qui rendront un système flexible et performant.
Au-delà de ces considérations d'ordre technique et fonctionelles il y a aussi une dimension émotive et sensuelle. En effet, le "form factor", le look et le design sont très importants. Il faut que le système soit agréable à l'oeil et à la manipulation, autant qu'il doit être plaisant à l'oreille. Le modulaire, une fois "terminé", sera un instrument reflètant la personnalité et la sensibilité de son "concepteur", qui permettra un épanouissement artistique total au travers de la concrétisation de l'idée. Il faut, à un moment donné, "fixer" son instrument afin de pouvoir mettre toute son énergie au profit de la création sonore et musicale, bien que l'on puisse assimiler l'élaboration et la création d'instruments modulaires à une activité purement artistique... C'est l'artiste qui donne une âme et une personnalité à son instrument et non pas l'inverse (quoi que...). C'est ainsi qu'il n'y a, pour ainsi dire, pas deux systèmes identiques et autant d'instruments différents que d'artistes !